Après ses études musicales au CNR de Lyon en clavecin, piano, musique de chambre et formation musicale, Caroline Huynh Van Xuan intègre la classe de clavecin de Françoise Lengellé au CNSMD de Lyon où elle travaille avec Dirk Börner, Jaky Piscione, Pablo Kornfeld, Jesper Christensen et Roberto Gini. Elle bénéficie par ailleurs des conseils de Gustav Leonhardt, Christophe Rousset, Freddy Eichelberger, Pierre-Alain Clerc et Wieland Kuijken, et a étudié avec Béatrice Martin à l’Escola Superior de Musica de Catalunya (Barcelone). Elle a aussi étudié le pianoforte en Italie avec Laura Alvini et la basse continue avec Yves Rechsteiner (CNSMD de Lyon). Actuellement, elle enseigne au Conservatoire à Rayonnement Régional de Marseille.

Formée à l’écriture, Caroline Huynh Van Xuan compose et arrange pour des compagnies de théâtre et de danse, des illustrations musicales de dessins animés, et des ensembles instrumentaux et vocaux. Elle a entre autres écrit les arrangements de Coprario pour le disque Funeral Teares par l’ensemble Céladon de Paulin Bündgen, composé de la musique instrumentale et vocale pour le spectacle Camping par la Compagnie Propos de Denis Plassard, réalisé les arrangements des Ariel Song de Michael Nyman pour le programme No Time in Eternity par l’ensemble Céladon, et recomposé le Beggar’s Opera pour le Conservatoire du Pays d’Arles.

Claveciniste, organiste et continuiste, Caroline Huynh Van Xuan accompagne les classes de chant de Béatrice Cramoix, Isabelle Desrochers, Guillemette Laurens et Michel Vershaeve au sein du Festival de Musique Ancienne de Sablé. On a pu l’entendre en concert avec Sylvie de May, Jérôme Lefèvre, Jean Tubéry (La Fenice), Pierre Boragno, Patricia Petibon, James Bowman, Julie Hassler, Howard Crook, Carlos Mena. Elle se produit en orchestre avec Christophe Coin, Patrick Cohen-Akenine (Orchestre des Pays de Savoie), Paul Couëffé (solistes de l’Orchestre National de Lyon), Jean-Pierre Canihac (Sacqueboutiers de Toulouse), les solistes de l’Opéra de Paris, Le Concert de l’Hostel-Dieu (sous la direction de Paul Agnew). Elle travaille aussi régulièrement avec l’ensemble Céladon (Paulin Bündgen), Les Archetypes (François Costa), Les Siècles (François-Xavier Roth), Arsys (Pierre Cao), l’Orchestre d’Auvergne (Arie Van Beck), Le Concert de l’Hostel-Dieu (Franck-Emmanuel Comte).

Caroline Huynh Van Xuan a participé à de nombreux festivals en France et en Europe, de Musica à Strasbourg au Festival d’Ambronnay. Since in Vain – UnderGround(s) est son premier disque soliste ; elle a également participé récemment à l’enregistrement de Songs de Purcell avec le contre-ténor Thierry Grégoire.

2017
Label MUSO
distribution OUTHERE

SINCE IN VAIN :: UNDERGROUND(S)
Suite à la longue période d’austérité qui a précédé la Restauration de 1660, se développe en Angleterre un puissant besoin de se divertir. C’est alors qu’un grand nombre de théâtres, d’opéras et de salles de concert ouvrent leur porte. Phénomène inédit en Europe, un très large public peut, pour un prix modique, entendre de la musique en dehors des lieux traditionnels qu’étaient l’église et la cour : clubs, tavernes et salles de concert se multiplient. Des abonnements à des « concerts de charité » ou à des « concerts à bénéfice » (en soutien aux musiciens) sont également proposés. On voit de nombreuses associations musicales se créer, réunissant auditeurs, musiciens professionnels et musiciens amateurs. Le dynamisme de la scène musicale anglaise, qui ne se démentira pas après la Glorieuse Révolution, attire les musiciens et les compositeurs de toute l’Europe.

C’est dans ce contexte que sont publiées de très nombreuses œuvres pour clavecin. Outre la publication d’œuvres par compositeur, on copie et on édite notamment des recueils réunissant sous forme de suites (Lessons) des pièces de différents auteurs, le plus souvent ordonnées par tonalité. On y trouve aussi des arrangements d’airs à succès d’opéras et d’airs populaires de l’époque.

Plusieurs pièces de cet enregistrement sont présentes dans différents recueils, manuscrits ou édités, des 17ème et 18ème siècles, ce qui indique leur grande popularité. Parfois, leur titre est modifié au gré des publications, comme c’est le cas pour la pièce Since in Vain issue du 2nd Book of The Ladys Entertainment de 1708 qui réapparaît en 1717 sous le titre Si, t’intendo dans Suits of the most celebrated Lessons collected and fitted to the Harpsicord or Spinnet de William Babell. De même, Here the deities approve de Purcell, est nommé A new ground en 1689 dans The 2nd part of Musick’s Hand-Maid, Grond dans le manuscrit de Charles Babel en 1702. Citons enfin l’Horn pipe de Mr Henry Hall, extrait du manuscrit Miscellaneous songs, tunes and anthems, que l’on retrouve en 1700 dans The second book of the harpsicord master, cette fois intitulé Aire et attribué à Mr Crofts.

Le destin de ces pièces nous donne un aperçu du succès qu’elles ont connu à cette époque, succès qui contraste avec l’oubli dans lequel certaines sont tombées aujourd’hui. Cet enregistrement est l’occasion de redécouvrir ce répertoire et d’éprouver à nouveau la vitalité de la scène musicale anglaise.

LA PRESSE ET LES SPÉCIALISTES EN PARLENT :

Since in vain / Des perles précieuses et délicates
Si depuis deux ans, je ne consacre que rarement ma plume à des CD, en partie par manque de temps, je vais ici évoquer un enregistrement, qui dès sa première écoute, m’aura transporté dans un univers onirique, où plus que la mélancolie, le plaisir et la délicate sensualité, auront su me séduire, me donnant envie de vous le recommander. Vous aurez je n’en doute pas, comme moi, du mal à le quitter.

Le programme proposé dans ce CD est d’autant plus passionnant que la période musicale qu’il nous propose de découvrir a rarement fait l’objet d’un enregistrement. La jeune claveciniste Caroline Huyhn van Xuan, nous offre un regard sensible et poétique sur des pièces pour clavecin toutes composées à l’issue de la longue période d’austérité du Commonwealth (république). Période durant laquelle la musique avait disparu de la vie publique anglaise, trouvant refuge dans la sphère privée.

Pour mieux rattraper le temps perdu, la musique se développe alors bien au-delà de la Chapelle Royale que restitue Charles II. Des théâtres aux tavernes, de salles de concert à des clubs, elle offre à un large public des répertoires variés et accueil des musiciens venant de toute l’Europe attirés par le dynamisme de cette ère nouvelle pour l’Angleterre.

Durant la période républicaine, elle a développé des formes plus simples, plus modestes, loin de l’écriture polyphonique de la période élisabéthaine. C’est durant la Restauration que sont publiés des œuvres pour clavecin. Leur popularité se maintiendra tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles. De nombreux recueils seront édités, répondant ainsi au goût d’un public cultivé et ayant reçu une excellente éducation musicale, souhaitant dans son intimité, s’offrir des moments de rêverie ou de convivialité. Certaines pièces ici proposées, dont celle qui donne son nom à cet album, Since in vain, furent plusieurs fois rééditées.

Caroline Huyhn van Xuan mêle ici des pièces réputées à de véritables petits joyaux que nous n’avions jamais eu l’occasion d’entendre. Et si certains des compositeurs sont largement connus du public contemporain tels Purcell ou Haendel, d’autres comme Jeremiah Clarke, John Weldon ou William Croft, se révèlent une belle découverte. Il y est d’ailleurs frappant de constater que certaines pièces marquantes de cet album, telles Since in Vain et Allmand, nous sont parvenus sans le nom de leur auteur.

L’interprétation de Caroline Huyhn van Xuan est d’une rare délicatesse. Dès la première pièce un Ground d’Anthony Young on est séduit. Chaque pièce entre ses doigts devient une perle baroque unique. L’articulation soignée semble donner à la musique la fluidité de l’eau. Le temps qui s’écoule en écoutant ce CD prend une densité lumineuse et chaleureuse. On est surpris par les couleurs qui émanent de l’instrument, un clavecin Zuckerman d’après Blanchet et Taskin, sous les doigts déliés de l’interprète. L’effet de Luth du Ground de William Richarson, crée un effet de surprise fascinant. Entre envoûtement et sortilèges, la jeune claveciniste maintient notre plaisir par un jeu tout en nuances et en expressivité. Aérien et clair, il donne vie à ses salons où le temps semble hésiter entre s’arrêter pour mieux se savourer et fuir toujours plus vite. L’éphémère y devient éternel. La conclusion Ground on Moon over Bourbon Street, arrangement d’une chanson de Sting, joue sur ce sentiment d’éternité.

L’aria Here the Deities approve d’Henry Purcell, chanté par le contre-ténor Paulïn Bungden est un enchantement vocal, un pur délice, nous rappelant combien cet artiste au timbre unique, mélancolique et sensuel est fait pour ce répertoire.

A l’instant de conclure cette chronique, les mots qui nous viennent à l’esprit, sont « charme » et « plaisir ». Alors ne bouder ni l’un ni l’autre, Caroline Huynh Van Xuan est une claveciniste au jeu tout aussi unique et rare que le timbre du contre-ténor Paulin Büngden qui a accepté de redonner vie à ses côtés à une musique dont la beauté transmet une émotion fugace et légère, sensible et raffinée, subtile et tendre. Notons l’excellente prise de son, qui crée un sentiment de proximité avec l’interprète, nous rappelant combien cette musique est celle de l’intimité.
Monique Parmentier
http://monique.parmentier.over-blog.com/

 

L’heur d’été (IX). Since in vain par Caroline Huynh Van Xuan

Le ground, cette élaboration sur une basse obstinée capable de s’évader vers les voix supérieures, est si emblématique de la musique anglaise que l’idée de construire un récital auquel il servirait de fil conducteur tombe pour ainsi dire sous le sens, et elle est d’autant plus excellente qu’elle permet à l’auditeur de se promener au travers d’environ trois quarts de siècle qui marquèrent durablement le paysage artistique britannique.

Lorsque Giovanni Battista Draghi, le plus ancien compositeur présent dans ce récital, arriva en Angleterre, plus de vingt années restaient encore à s’écouler avant que le plus jeune, Francesco Geminiani, vienne au monde. Deux Italiens, comme le signe évident de la pénétration de la musique ultramontaine en terres d’Albion qui n’était certes pas un fait nouveau – les Ferrabosco, par exemple, officièrent à la cour d’Elizabeth I dès les années 1560 – mais connut un surcroît de vigueur à partir de la Restauration. Charles II, réinstallé sur le trône en 1660 après un long séjour à la cour de France en avait rapporté un goût affirmé pour la manière française qu’il tenta d’imposer quitte à froisser les susceptibilités locales, mais le maître de sa Chapelle royale, Henry Cooke (c.1615-1672), était, lui, un farouche partisan et pratiquant du style italien, unanimement reconnu comme tel par ses contemporains ; en dépit d’aptitudes pour la composition relativement limitées, son influence sur la génération qu’il contribua à former – celle de Pelham Humfrey, un des maîtres de Henry Purcell, et de John Blow pour ne citer que les deux noms les plus célèbres – fut considérable. Ainsi ces deux greffons entés sur une souche autochtone dont il ne faut certainement pas sous-estimer la vigueur – il reviendra à Purcell de réaliser une alchimie miraculeusement aboutie entre ces trois grandes sèves – permirent non seulement à la musique anglaise d’éployer plus amplement sa ramure en connaissant un développement luxuriant mais également d’offrir un breuil accueillant pour maints compositeurs étrangers, Händel en tête.

Les « grands noms », qu’il est inutile de présenter, tiennent leur rang dans ce récital qui a même la très bonne idée d’intégrer l’aria « Here the Deities approve » extraite de l’ode Welcome to all the pleasures de Purcell chantée avec le raffinement qu’on lui connaît par le contre-ténor Paulin Bündgen, mais au côté de quelques anonymes non dénués de talent – on aurait aimé que les vicissitudes de l’histoire n’engloutissent pas l’identité des auteurs des séduisants Allemande et Since in vain – se rencontrent également quelques visages moins familiers, tels William Croft (1678-1727), élève et protégé de Blow, compositeur sérieux qui fit entrer le verse anthem dans une nouvelle ère, John Eccles (c.1668-1735), dont les songs sont d’une telle inventivité qu’elles égalent celles du grand Henry, Francis Forcer (1649-1705) qui montra un louable souci de mettre une large partie de sa musique à la portée des amateurs, ou encore John Weldon (1676-1736), dont la carrière pourtant commencée sous les meilleurs auspices peina ensuite à se maintenir à un niveau égal. On trouve également, en guise d’apostille à ce voyage, un groundsur Moon over Bourbon Street, l’avant-dernière chanson de la face B de The Dream of the blue Turtles, le premier et excellent album solo de Gordon Matthew Thomas Sumner, un musicien anglais né en 1951 et plus connu sous le nom de Sting ; cet épilogue inattendu est doublement pertinent, car il montre l’actualité toujours bien réelle du ground tout en soulignant qu’outre-Manche, la cohabitation entre musiques « savante » et « populaire » va largement plus de soi que chez nous ; cette adaptation est, en tout cas, fort réussie et fera s’étouffer les Beckmesser d’une certaine bien-pensance culturelle.La claveciniste Caroline Huynh Van Xuan signe ici un premier disque tout à fait prometteur dont un des grands mérites, signe d’une pensée cohérente et aboutie, est de parvenir à conserver une grande unité de ton en dépit du fractionnement inhérent à un programme qui aligne vingt-huit pièces de durée inégale – certaines n’atteignent pas la minute quand d’autres frôlent les dix – et d’esthétique contrastée. Le jeu très articulé de la musicienne ne fera sans doute pas l’unanimité, mais la clarté qu’il implique permet cependant d’entendre avec une parfaite acuité comment chaque pièce exploite au mieux les possibilités offertes par le ground ; en outre, cette approche très droite doublée d’une toujours très grande précision dans le rendu des rythmes et des nuances n’est ici pas synonyme de sécheresse ou de raideur, comme le démontre l’interprétation des pages les plus expressives, mais bien le fruit d’une volonté de décantation émotionnelle qui me semble tout à fait recevable compte tenu du contexte de la création des œuvres et de leur destination. Avec beaucoup de finesse et d’élégance, mais sans préciosité superflue, ce récital passionnant pour les découvertes qu’il permet et composé avec autant de soin que de goût sait relancer sans cesse l’intérêt de l’auditeur en variant habilement les humeurs et les climats. Aidée par une prise de son qui joue la carte de l’intimisme, l’interprète s’y entend pour recréer l’atmosphère attentive d’un salon de connaisseurs où il est permis de goûter une musique qui, pour être inventive, n’a nul besoin de forcer ses effets pour séduire. En ce sens le Since in vain de Caroline Huynh Van Xuan, sans effet d’estrade mais sachant satisfaire et l’esprit, et le cœur est un projet mûri et abouti, et l’on guettera avec beaucoup d’intérêt les futurs projets d’une artiste pétrie d’aussi évidentes qualités.
Jean-Christophe Pucek
http://wunderkammern.fr/

 

Jardin des délices

La Restauration, avec le retour au pouvoir de la monarchie anglaise, réinstalle un monarque sur le trône, mais également la musique à une place bien plus centrale dans la vie artistique du temps. En imitation de la cour de France, Charles II instaure alors la Chapel Royal. Plusieurs des enfants éduqués dans cette nouvelle institution deviendront organistes et compositeurs : si le nom d’Henry Purcell vient immédiatement à l’esprit, nombre de ses compagnons bénéficieront d’une formation qui fait rayonner la vie musicale nécessaire à la Cour et dans les lieux de culte, puisque le souverain est le chef de son Eglise. Ainsi, Henry Hall, William Croft (représenté par un prélude et air superbes), John Weldon, John Blow et Purcell lui-même, bien défendus dans ce florilège, ont un rôle essentiel dans cette dissémination musicale. Si l’anglicanisme domine, la reine catholique Catherine de Bragance n’en a pas moins protégé Draghi, son organiste de la chapelle de Somerset House.
Dans les règnes suivants, jusque durant ceux des Hanovre, des célébrations notoires (la Sainte Cécile fait l’objet de manifestations importantes) ainsi que la prégnance du King’s Musick (dont John Eccles fut Master sous quatre règnes) contribuent à modeler le goût public ; la popularité de la musique jouée dans les tavernes, jardins et théâtres, en une démocratisation qui fait sortir cet art des cénacles élitistes, pousse à la création d’associations spécialisées et professionnelles (comme la Royal Society of Musicians).
Cet accès facilité est également sensible au plan privé, comme en témoigne l’abondance de publications, signe d’une grande demande. Le clavecin suscite de nombreux recueils de la part de maîtres dont les noms ont (ou pas) traversé le temps.

C’est dans cette abondante moisson que Caroline Huynh Van Xuan a puisé pour composer un exquis bouquet odorant. Si certaines de ces pousses fragiles ici rassemblées sont encore bien vivaces dans la mémoire (comme celles plantées par Henry Purcell, John Blow, John Eccles, Francesco Geminiani, ou tout en fin de cette période, Georg Friedrich Haendel dans de magistrales variations), celles qui semblaient destinées à n’être plus que des feuillages pressés dans un album de fleurs desséchées, retrouvent sous les doigts déliés de la claveciniste, couleurs ravivées, effluves délicates et capiteux parfum. Influences italienne et française, génie national et rhétoriques nouvelles s’entrelacent dans des pièces brèves dont les chuchotis paisibles nourrissent l’âme ou l’allégresse tournoyante, le retour sur soi. Débonnaires, sensuelles, transcendantes ou plus rustiques, ces pièces constituent un raccourci fulgurant vers une sensibilité et une éthique du sublime qui s’imprègnent de la fine musicalité et de l’empathie d’une claveciniste au jeu subtil.
Seule pièce vocale de ce recueil factice (soit composé de pièces de diverses origines), le célèbre Here the Deities approve s’épanouit par l’art raffiné de Paulin Bündgen, transmettant par sa voix la bénédiction du dieu de la musique et de l’amour à la maîtresse d’œuvre. Laquelle achève ce panorama digne d’un John Tradescant junior par un arrangement du célèbre Moon over Bourbon Streetde Sting réaffirmant le lacis toujours prégnant du savant et du populaire.
Emmanuelle Pesqué
odb-opera.com/viewtopic.php

Après 1660 et la sinistre période de Cromwell et ses puritains, l’Angleterre renaît à la musique. La Chapelle Royale, créée par Charles II, joue un rôle essentiel, mais la musique se développe aussi de manière moins officielle dans la sphère privée. Ce sont ces pièces-là, UnderGround(s) comme l’indique le titre, qu’interprète ici la claveciniste Caroline Huynh Van Xuan, comme autant de petites choses fragiles, apparemment futiles, mais pourtant essentielles, comme ces infimes détails qu’on trouve dans les toiles de Vermeer et qui créent tout un monde. Tantôt fugaces, tantôt lancinantes, elles donnent envie de les installer chez soi, comme une photo souvenir devant laquelle on ne saurait passer sans un petit pincement au cœur, un objet mémoire né d’une découverte insolite ou un bibelot rapporté d’un itinéraire improbable où l’on s’est senti hors du monde. L’interprétation lumineuse et fluide de Caroline Huynh Van Xuan nous transporte dans un univers délicat où règne l’impalpable, la demi-teinte, la confidence, où le chuchotement est de mise. Et ça fait un bien fou.

ÉCOUTER – VOIR : LE COUP DE CŒUR
Claveciniste, Caroline Huynh Van Xuan consacre son premier disque solo au répertoire anglais des 17ème et 18ème siècles et y ajoute un clin d’œil à Sting (20ème siècle) pour conclure.
Autant de pièces précieuses qui rappellent ce qu’était la musique populaire à l’époque. Majestueuse et baroque en diable.
L’Alsace, 9 mai 2017

Après la période du puritanisme des années 1649-1660 et l’accession au trône de Charles II, l’art reprend ses droits en Angleterre avec la création de nombreuses institutions musicales et une démocratisation de l’accès à la musique, désormais jouée dans les théâtres, salles de concert mais aussi les tavernes, les clubs ou les associations musicales. Cette vitalité nouvelle de la scène musicale se traduit en particulier par la publication de nombreuses oeuvres pour le clavecin sous forme de Suits ou Lessons. C’est dans les manuscrits conservés à la British Library que Caroline Huyn Van Xuan a puisé le contenu du présent programme, mêlant pièces connues et vraies découvertes, premières au disque pour beaucoup. Les compositeurs ont pour nom Purcell, Blow et Haendel, mais aussi Anthony Yong, Jeremiah Clarke, Philip Hart, William Croft, John Barrett, Robert King ou John Weldon, et combien encore d’anonymes dont l’auteur de « Since in vain », pièce qui donne son titre au CD. On y manie diverses danses, l’Allmand entrainante, le Hornpipe, et surtout le Ground, une forme typiquement anglaise, qui ressemble à la Passacaille ou à la Chaconne, danse lente à trois temps, reposant sur le principe de l’ostinato. Le registre est vif, bien rythmé, ou au contraire, méditatif. Bouquet final, et inattendu bond dans le temps, que l’arrangement en forme de Ground d’une chanson de Sting, « Moon over Bourbon Street », sorte de belle improvisation qui ne dépare pas avec toutes ces musiques du XVII ème siècle anglais. Ce programme imaginatif et didactique, aux enchainements agréables et judicieux, bénéficie du jeu feutré de Caroline Huyn Van Xuan, capté dans une acoustique intimiste.
Jean-Pierre ROBERT
https://www.leducation-musicale.com/

C’est après 1660 que la musique anglaise connaît un grand essor, tant dans les lieux habituels d’églises et de cour que dorénavant dans les clubs, tavernes ou salles de concert. D’où un florissant répertoire pour clavecin dont l’interprète nous donne un échantillon, de Purcell, Blow à des anonymes, d’allemandes en grounds, etc. sur un très bel instrument, très bien capté. Un récital varié et interprété avec beaucoup de sensibilité – pour l’anecdote il se termine par un « ground », arrangement d’après Sting… (avec la participation pour Purcell du contre-ténor Paulin Bündgen).
Thierry Vagne
http://vagnethierry.fr/

PASSAGES RADIOS À RÉÉCOUTER OU PODCASTER :

• Sur France Inter dans La Récréation, l’émission de Vincent Josse :
https://www.franceinter.fr/emissions/la-recreation/la-recreation-14-juin-2017

• Sur France Culture, dans la chronique de Mathieu Conquet :
https://www.franceculture.fr/emissions/lactualite-musicale/

• Sur France Musique dans l’émission En Pistes ! :
https://www.francemusique.fr/emissions/en-pistes/

• Sur BBC Radio 3, dans l’émission Breakfast de Petroc Trelawny :
http://www.bbc.co.uk/programmes/b08px0mj

• Dans « Europe 1 Social Club », l’émission de Frédéric Taddéi :
http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-social-club/

Il titolo dice tutto: Since in Vain : Poiché invano.
Un cd delicato e sensibile per un regalo carico di sentimenti sfumati, accennati – se non disperati -, come in un acquarello dai colori leggeri. Caroline Huynh Van Xuan è l’interprete ideale di queste musiche per clavicembalo del ‘600 e ‘700 inglese, di autori noti – Purcell, Handel, Geminiani – sconosciuti – John Weldon, Francis Forcer, Henry Hall – o anonimi, scritte all’origine per lo strumento o adattamenti d’epoca di temi popolari o di arie d’opera. Il bravo contro-tenore Paulin Bündgen interviene per evocare, appunto, questa raffinata vocalità in Here the Deities approve (Qui le Divinità approvano) dall’Ode for St Cecilia’s Day di Henry Purcell.

Il programma si conclude con un salto di tre secoli, ed un inebriante ground (composizione basata su un basso ostinato) che è un arrangiamento di Moon over Bourbon Street, una canzone di Sting.
Ferruccio Nuzzo
https://www.grey-panthers.it

PROCHAIN CONCERT

LUNDI 14 JUIN À 18H30
RÉCITAL SINCE IN VAIN / UNDERGROUND(S)

THÉÂTRE DE L’ESPACE CULTUREL SAINT-MARC
10, RUE SAINTE HÉLÈNE (LYON 2)

Caroline Huynh Van Xuan
+33 (0)6 82 63 88 34
carolinehvx@gmail.com